La Sauve
Abbaye de la Sauve-Majeure. Chapiteau nord 2 (no 27) : Affrontements entre animaux fabuleux. Ce chapiteau est l'un des plus célèbres de l'abbaye. Les quatre côtés de la corbeille sont sculptés. Les affrontements sont mis en place à chacun des angles de la corbeille. On trouve : un combat entre un homme et un lion ; deux griffons affrontés au 'Vase de Vie' ; un centaure exécutant un autre centaure et deux basilics bec-à-bec, enjambant des dragons. Sculpté sur le cartouche central de la face de la corbeille qui donne sur le sanctuaire, se trouve un arbre asymétrique, enraciné en partie au paradis avec les griffons, mais dont toutes les grandes feuilles ont été rabattues au pays des centaures, c'est-à-dire la Terre des Hommes..L'arbre, sur la frontière entre Terre et Paradis donne, par la dissymétrie de la frondaison, une expression allégorique de la révélation du Bien et du Mal. Le concept patristique de la « double voie ». Notes 7 : « Il y a deux chemins : celui de la vie et celui de la mort, mais il y a une grande différence entre les deux, celui de la vie est étroit et difficile, celui qui mène aux Enfers est large et facile ». La représentation de ces chemins par les branches de la lettre grecque upsilon, Υ, ou par les branches d'un arbre (l'arbre de Pythagore) a été utilisée à maintes reprises dans l’iconographie médiévale. Ici, les branches sont représentées par des feuilles de dimensions radicalement différentes. Ainsi, les deux petites feuilles étiques recourbées à droite vers l’Éden, symbolisent les voies étroites et difficiles qui mènent vers la Vie. Les larges et luxuriantes feuilles qui se recourbent vers le sol terrestre symbolisent les routes du péché qui mènent facilement aux Enfers. On peut encore percevoir la tête d'un serpent glissée entre les feuilles qui heurte la queue du centaure condamné..La signification des centaures à l'époque romane était très codifiée : le type sagittaire (avec arc bandé), queue droite et pendante, était le centaure de Dieu qui était chargé d'exterminer les créatures pécheresses ou démoniaques ; sa cible, ici, l'autre centaure représentant le péché mortel, avec sa queue sexualisée et fleuronnée affichant la virilité. Le centaure qui bande son arc est Chiron le bienfaiteur de l'Humanité selon les Grecs. Il personnifie la rigueur morale et est l'exterminateur attitré des êtres maléfiques dans l'iconographie romane. On le trouve sur des chapiteaux des sanctuaires, des portails et des modillons, toujours visant avec son arc le pécheur.