La Sauve
Arcade sur le transept, Chapiteau nord : Décollation de saint Jean-Baptiste (no 44). Ce chapiteau, le fleuron de la chapelle Saint-Jean, est sans conteste le plus célèbre exemple de « l'art de La Sauve ». Houlet et Sarradet9 ont évoqué la personnalité d'un « Maître de La Sauve », celui dont l'art a marqué toute l'église du début du XIIe siècle, mais qui est resté anonyme. Composition des 3 faces en commençant par le centre : le Festin d'Hérode, remise de sa tête et danse de Salomé, décapitation de saint Jean. Le tailloir est marqué aux angles par deux masques, recrachant un entrelacs de palmettes à crosses affrontées, ligaturées de place en place. On retrouve l'identique sur certains chapiteaux du porche de l'église Saint-Seurin de Bordeaux..Le pilier médian de la face principale définit l'ordonnance de la composition, qui doit être lue de droite à gauche : à droite, le festin d'Hérode, suivi de la danse de Salomé et, à gauche, le martyre de saint Jean et sa tête placée sur un plateau, sous la surveillance des anges..Le festin d'Hérode. Sur la petite face de droite, séparée de la face centrale par un grand feuillage vertical, on voit quatre personnages. Un homme, immédiatement à gauche d'Hérode, qui tient un couvert dans sa main droite. De sa main gauche, il tient le bras d'une femme. En arrière-plan, un petit joueur de tambourin est là pour égayer les convives. Assis aux pieds de la femme, un petit personnage agrippe par-dessous le bord de la table. La femme, qui porte une épaisse guimpe, signe de femme mariée, a au visage inexpressif et est absorbée dans ses pensées, la tête appuyée sur sa main droite. Avec le scabellum honorifique placé sous ses pieds, on l'identifie comme Hérodiade, épouse d'Hérode et mère de Salomé. La fille à ses pieds, qui a les mêmes traits que la danseuse, est Salomé et l'on peut supposer, selon l'Evangile de Marc, chapitre 4, versets 24 à 26, qu'elle demande à sa mère ce qu'elle doit réclamer comme récompense pour sa danse..La danse de Salomé. La danseuse porte une robe moulante. On voit son corps ployé en arc de cercle devant le Tétrarque. Elle tient la table, la tête repose au sol ainsi que le pied droit. La jambe gauche se soulève aux fins d'érotiser la culbute. Hérode, couronné, se tient toujours attablé en frisottant sa moustache..L'exécution de Jean-Baptiste. La « décollation » est le thème de la seconde face latérale. La geôle du prophète est un petit pavillon cubique dressé hors sol par quatre colonnettes. De la victime, seule sa tête apparaît, tirée par les cheveux de sa prison. Le bourreau, élevant le glaive pour trancher la tête, regarde vers le ciel. Jean attend le coup mortel, la bouche fermée et les yeux ouverts, au-dessus d'une large feuille qui va recueillir le sang du martyr. (On retrouve exactement la même scène sur le portail de l'église Saint-Romain de Cessac)..La remise de sa tête. Le dernier acte de l'histoire se joue sur la partie gauche de la face principale. Le bourreau tient cérémonieusement le plat où est déposée la tête de saint Jean. Trois grandes feuilles ont poussé sous la relique et, dans les cieux, des anges nimbés volent autour et bénissent la tête du défunt.