La Sauve
Abbaye de la Sauve-Majeure. Chapiteau Nord 3 (no 26) : Paire de lions bicorporés..Aux deux angles du tailloir, deux protomés recrachent un rinceau ondé, émettant des palmettes alternativement dressées et abaissées — On trouve la même décoration sur le tailloir au-dessus du « Cycle de Samson » de la grande absidiole sud —. En ce qui concerne la corbeille, le même schéma de base de la disposition symétrique des quatre corps de lion a été utilisé à trois autres reprises dans l'abbaye : à la fenêtre nord de la nef, à l'intérieur de la nef (cinquième travée nord) et dans la chapelle Saint-Jean. Les lions de cette arcade font partie des embellissements dus à Geoffroy de Laon, quatrième abbé (1106 à 1119). Les deux lions bicorporés, androcéphales sont adossés au niveau du pilier médian de la face principale. En haut et en bas du pilier, on trouve deux boutonnières végétales garnies de feuilles et traversées par deux lianes émises par les gueules des lions. Les corps des lions sont conformes au style de l'abbaye : des pattes manchonnées, des griffes qui renferment un fruit sphérique, une crinière à plusieurs rangs de bouclettes, une queue rentrée entre les cuisses qui se redresse et termine en fleuron. Les lianes des faces latérales s'épanouissent à leur tour en fleuron identique à celui des quatre queues..Sur le plan allégorique, ces monstres, avides de fruits ronds (fruit de la Tentation) et de sensualité (les quatre queues en érection) sont une continuation du chapiteau voisin des jeunes hommes nus, emprisonnés par leurs passions. L'image des bicorporés doubles de lions (qui représentent le Diable) est une mise en garde contre le péché et l'allusion homosexuelle, qui était l'un des grands poncifs de l'époque.