"Naissance" peut paraître exagéré. Pourtant la force du pèlerinage à Compostelle repose sur la complémentarité entre les monuments et le paysage. Cette réconciliation entre la religion chrétienne et la nature n'est pas un crédo officiel. Elle est l'œuvre des pèlerins eux-mêmes.
Jamais, dans aucune religion occidentale, la nature n'a eu de sens ni de pouvoir spirituel avant l'avènement du chemin de Saint-Jacques moderne. Avec lui, les églises font soudain partie d'un terroir, elles ne sont plus des lieux de recueillement isolés du reste de l'univers. C'est un peu la contribution de notre époque au pèlerinage de Compostelle.
Au Moyen Age, la nature est considérée avec raison comme hostile. De nos jours, notre relation avec elle a changé car elle est devenue à la fois un refuge fragile qu'il faut défendre et un lieu d'introspection. Dans le contexte du pèlerinage à Saint-Jacques le paysage est un espace subversif par rapport à l'urbanité et à la destruction programmée de la vie sauvage.